Chlordécone et pesticides : mise à disposition des résultats de l’étude ChlEauTerre
→ Le contexte général :
Une carte des risques de contamination des sols par la chlordécone a été élaborée en 2005-2006 par la direction de l’agriculture et de la forêt (DAF) avec la collaboration de l’INRA. Elle était issue d’un travail de classement des terres en fonction de leur historique cultural en banane. Sur la base de ce travail, de nombreuses analyses de sols ont été effectuées par différents organismes et leurs données ont été rassemblées à partir de 2009 au sein d’une base de données. Cependant, la répartition de ces analyses sur le territoire guadeloupéen est très hétérogène, car même si certaines données existent en Grande Terre et en nord Basse Terre, la majorité des parcelles analysées se concentre sur la zone dite du « croissant bananier » allant de Vieux-Habitants à Goyave qui regroupe 78% des analyses de sols réalisées.
→ L’étude ChlEauTerre :
Le projet ChlEauTerre a eu pour objectif d’étudier la contamination par les pesticides du territoire guadeloupéen continental dans son ensemble, en s’intéressant plus spécifiquement à la question de la chlordécone.
D’une durée de 2 ans et demi, cette étude, menée dans le cadre du plan chlordécone III (2014-2020), a été financée par l’État, l’Office de l’Eau de Guadeloupe, le CIRAD et l’INRA.
→ Les principaux résultats en matière de contamination des bassins-versants :
1. Par les pesticides en général :
Le premier objectif du projet a été de dresser un état des lieux général de la contamination de la Guadeloupe continentale par les pesticides. Les bassins versants des zones agricoles ont été ciblés et 153 analyses d’eau, portant sur 466 molécules différentes dont la chlordécone, ont été effectuées à leur exutoire. [Nota : Un bassin versant est l’espace terrestre drainé par un cours d’eau et ses affluents]
Une détection de résidus de pesticides a été mise en évidence pour 79 % des bassins versants analysés en Grande-Terre et pour 84 % de ceux analysés en Basse-Terre. Au total, 37 molécules différentes ont été détectées, majoritairement des herbicides (glyphosate, AMPA…) puis des insecticides (chlordécone, HCH béta…), des fongicides et des nématicides. A noter que plus de la moitié des molécules détectées correspondent à des pesticides aujourd’hui interdits, qui ne sont plus utilisés mais qui persistent dans l’environnement (chlordécone, HCH béta, dieldrine, atrazine…).
2. Par la chlordécone en particulier :
Le second objectif a été de mieux identifier les zones à risque de contamination par la chlordécone, notamment dans les secteurs qui avaient été moins étudiés jusqu’à présent. Une approche méthodologique a été développée en ce sens et s’est appuyée majoritairement sur des analyses d’eau de surface, en partant du principe que si une eau est contaminée, c’est qu’il existe au niveau du bassin versant situé en amont une zone terrestre qui la contamine. [Nota : Un bassin versant est l’espace terrestre drainé par un cours d’eau et ses affluents]. L’ensemble des données spatialisées disponibles pour la chlordécone au début de l’étude (6 230 analyses de terre et 1 823 analyses d’eau) a été utilisé pour sélectionner la localisation de nouveaux prélèvements et permettre de discerner des secteurs géographiques contaminés d’autres qui ne le sont pas. Ainsi 495 analyses de chlordécone et dérivés (chlordécol et chlordécone‐5b‐Hydro) ont été réalisées dans les eaux, complétées par la suite par 36 analyses de terre. Une cartographie de la contamination des bassins versants par la chlordécone a été réalisée.
En Basse Terre, la chlordécone a été retrouvée dans 36 % des analyses effectuées, avec des concentrations variables (0,01 à 42,9 µg/L). De plus, sur l’ensemble des 110 bassins versants analysés à leur exutoire, 39 % ont été identifiés comme rejetant en mer des eaux contaminées. En Grande Terre, quelques points de contamination ont été détectés (5 sur 198 prélèvements), répartis sur les communes du Gosier, du Moule, de Petit Canal et de Port-Louis, avec à chaque fois des taux relativement faibles (proches de la limite de quantification).
→ Une nouvelle carte du risque historique de contamination des sols par la chlordécone lié à un historique cultural en bananes :
La première carte élaborée en 2005-2006 par la direction de l’agriculture et de la forêt (DAF) avec la collaboration de l’INRA était issue d’un travail de classement des terres en fonction de leur historique cultural en banane. Cependant, les données historiques d’occupation du sol étant rares et cette étude devant faire rapidement face au problème de transfert de la contamination des sols aux cultures, cette première carte n’avait pu se baser que sur la connaissance des terres cultivées en banane que de 3 années (1969, 1985 et 1996) et ne s’était intéressée qu’aux parcelles qui avaient été déclarées comme agricoles en 2003. Un certain nombre de parcelles, pourtant anciennement cultivées en banane et pouvant présenter un risque de contamination par la chlordécone, avaient de ce fait été exclues de ce travail.
Le projet ChlEauTerre a été l’occasion d’élaborer une nouvelle carte du risque historique de contamination des sols par la chlordécone, en retravaillant et ré-analysant les documents qui avaient été utilisés pour établir la première carte des risques de 2005-2006, puis en exploitant de nouvelles données provenant de deux cartes de l’ORSTOM (le zonage cultural des régions bananières de Guadeloupe de 1976 et la carte des cultures de la Guadeloupe de 1980).
Cette nouvelle carte du risque historique comporte quatre nouvelles classes de risque échelonnée du risque le plus fort (1) au plus faible (4) :
Risque 1 : -Basse-Terre : présence de bananiers en plantation pure en 1976, 1980, 1984, 1987 et/ou 1997 → 11 381,05 ha
Risque 2 : -Basse-Terre : présence de bananiers associés à d’autres cultures en 1976 et/ou 1980 → 618,63 ha
Risque 3 :
Basse-Terre : présence de bananiers en 1969 et/ou bananiers associés à d’autres cultures en 1976 et/ou 1980 → 1 772,03 ha
Grande-Terre : présence de bananiers en plantation pure en 1987 et/ou 1997→ 397,97 ha
Risque 4 : absence d’historique connu de présence de bananiers sur la période allant de 1969 à 1997.
Au total, la superficie des terrains situés dans les classes de risque 1 à 3 représente 14 170 ha en Guadeloupe continentale parmi lesquels 6 931 ha sont encore en usage agricole, soit 16 % des surfaces agricoles actuelles de la Guadeloupe continentale (qui représentent au total 43 349 ha). L’augmentation des surfaces présentant un risque historique par rapport à la carte antérieure, qui n’avait identifié que 6 570 ha, s’explique par le fait que l’étude ChlEauTerre a amélioré la connaissance de l’évolution des surfaces plantées en bananes pendant la période d’utilisation de la chlordécone (de 1972 à 1993) et intègre désormais l’ensemble des surfaces ayant été cultivées en bananes et non plus seulement la part de celles-ci déclarées par les agriculteurs en usage agricole en 2003.
De nombreuses productions agricoles, non sensibles à la contamination par la chlordécone, peuvent être mises en œuvre sans danger sur des terrains où la chlordécone est présente : christophines, tomates, choux, ananas, haricots, aubergines, bananes, arboriculture, …
S’agissant des productions agricoles sensibles à la chlordécone (élevage, légumes racines, cives, poireaux, pastèque, concombre, melon, giraumon…), les particuliers ou les agriculteurs doivent au préalable s’assurer par des analyses de sols que les terrains envisagés pour ces productions ne sont pas pollués.
Quelle est la probabilité de retrouver de la chlordécone selon la classe de risque ? La direction de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (DAAF) a réalisé une étude statistique et cartographique sur la base des analyses de sols déjà disponibles afin d’évaluer la probabilité d’une contamination réelle selon les différentes classes de risque de la nouvelle carte. Ainsi, les probabilités de retrouver de la chlordécone sur les terrains concernés par les différentes classes de risque sont les suivantes : Risque 1 : probabilité de retrouver de la chlordécone évaluée à 90% Risque 2 : probabilité de retrouver de la chlordécone évaluée à 80% Risque 3 : probabilité de retrouver de la chlordécone évaluée à 30% Risque 4 : probabilité de retrouver de la chlordécone faible, inférieure à 10% Pourquoi peut on retrouver dans certains cas de la chlordécone sur les terrains en risque 4 ? Les informations qui ont été compilées par l’étude ChlEauTerre sur l’historique cultural en banane ne sont pas nécessairement exhaustives, et il peut exister des parcelles de bananiers qui n’ont pas été recensées ou cartographiées La chlordécone a également pu être utilisée sur d’autres productions que la banane, principalement en cultures maraîchères ou vivrières, pour lutter contre la fourmi manioc ou le charançon de la patate douce, ou en production d’agrumes pour lutter contre le charançon des agrumes. En cas de doute sur l’historique cultural et l’utilisation possible de chlordécone il convient de procéder à une analyse de sol. |
Je télécharge les documents de l’étude ChlEauTerre :
Le rapport complet de l’étude ChlEauTerre de septembre 2017 :
Le diaporama de présentation des résultats de l’étude ChlEauTerre :
Je télécharge la nouvelle carte du risque historique de contamination des sols par la chlordécone issue de l’historique cultural en bananes :
La carte de la Guadeloupe :
Abymes :
Anse Bertrand :
Baie Mahault :
Baillif :
Basse Terre :
Bouillante :
Capesterre Belle Eau :
Deshaies :
Gosier :
Gourbeyre :
Goyave :
Lamentin :
Morne à l’Eau :
Moule :
Petit Bourg :
Petit Canal :
Pointe à Pitre :
Pointe Noire :
Port Louis :
Saint Claude :
Saint François :
Sainte Anne :
Sainte Rose :
Trois Rivières :
Vieux Fort :
Vieux Habitants :